Mes très chers vassaux,
Lors du dernier conseil de la Confédération Ducale de Drumance, l’Empereur, loué soit son nom, nous a exhorté en personne à déléguer les affaires ducales à nos vassaux les plus compétents. En particulier, il a mis un point d’honneur à citer en exemple le Comté de Broigne, qui aurait récemment fait preuve d’une efficacité irréprochable et d’une loyauté inébranlable au Trône.
C’est pourquoi je me tourne à présent vers vous pour vous confier une mission de la plus haute importance pour mon duché de Nouvelle- Armorique auquel vous-êtes, inutile de vous le rappeler, vassalisés.
Votre voisin, le comté de Hoqueton, est en proie depuis quelques années à des troubles des plus fâcheux. Le Comte a été chassé de la baronnie de Chutebois dans laquelle il siégeait lorsque celle-ci a été transformée en un marais maudit par quelque ténébreuse sorcellerie. Le domaine est depuis devenu une zone de non-droit dans laquelle prolifèrent les bandits et autres criminels.
Aux ordres du comte, le baron Blek de Chutebois est parvenu à incendier sa propre ville pour chasser les indésirables, mais cet acte destructeur n’a pas suffi à lever la malédiction pesant sur ces terres. Il n’a guère fallu longtemps pour que les parias bâtissent un nouveau camp, duquel le comte, ou en tout cas le baron, qui semble se charger des basses besognes de ce dernier, n’est pas encore parvenu à les déloger malgré des assauts répétés.
Le comte est récemment venu me trouver pour me supplier ventre à terre de résoudre son problème pour lui. Je n’ai guère le temps ni l’envie de m’abaisser à une telle besogne, et mes troupes sont déjà mobilisées par l’assistance que je porte au Royaume d’Argonne dans la guerre des Faux-Saûniers. Aussi, je souhaiterais faire leçon au comte en lui prouvant qu’un individu de son rang devrait être capable de résoudre ce tracas par lui-même.
Si vous parvenez dans les trois prochains mois à libérer la Baronnie de Chutebois de la malédiction dont elle est victime, et mettez en déroute de façon définitive les bandits en ayant pris possession, j’userai de mes prérogatives ducales pour ôter ce fief au Comté de Hoqueton et l’attribuer au Comté de Broigne. Le baron vous jurera allégeance, et je laisserai à votre discrétion le soin de le remplacer ou non.
Je ne doute pas que vous mesurez pleinement les implications qu’une telle restructuration pourrait avoir. J’attends de vous que vous fassiez montre des qualités que l’Empereur, gloire à lui, a cru déceler en vous.
Soyez braves, soyez fiers, le duché de Nouvelle-Armorique compte sur vous.
Duc Léobin de Nouvelle-Armorique